A l’occasion de l’ouverture officielle du 9ème Forum mondial de l’eau, le Président de la République, Macky Sall, a lancé un message pour un apaisement des tensions liées à l’eau et à son accès universel. Il a ainsi appelé à appuyer sur trois leviers pour y arriver.
Gestion concertée des bassins transfrontaliers, mise en place de systèmes de régulation, promotion de l’économie circulaire d’assainissement. Trois leviers à actionner, selon le Président de la République, Macky Sall, afin d’apaiser les tensions liées à l’eau et faciliter l’accès universel à la ressource. Lors de l’ouverture, hier lundi, au Dakar Aréna de Diamniadio, du 9ème Forum mondial de l’eau, le Président Sall a expliqué comment parvenir à un monde sans tensions liées à l’eau. « Premièrement, encourager davantage la gestion concertée des bassins transfrontaliers pour prévenir les risques de conflits. Deuxièmement, poursuivre la mise en place de systèmes de régulation efficaces et socialement équitables ; parce que l’eau ne peut être considérée comme un simple bien économique dont l’exploitation est soumise à la loi du marché », a-t-il recommandé à l’endroit de la communauté des acteurs de l’eau. Organisé pour la première fois en Afrique subsaharienne, ce forum mondial a pris départ en terre africaine, précisément à Marrakech, au Maroc, en 1997. Depuis lors, tous les trois ans, la communauté des acteurs de l’eau se réunit dans une ville pour discuter des enjeux et défis liés au liquide précieux.
« Si rien n’est fait… »
Le Président Macky Sall a conseillé, en troisième lieu, de promouvoir davantage l’économie circulaire d’assainissement par le traitement et le recyclage des eaux usées, afin de réduire l’impact environnemental et sanitaire et stimuler en même temps la création de nouvelles activités génératrices de revenus. Avec une situation peu reluisante sur le plan de l’accès à l’eau, le Chef de l’Etat a ainsi fait référence aux indicateurs du Rapport des Nations Unies sur l’eau, publié en mars 2021. D’après ce document, deux personnes sur cinq dans le monde vivent dans des régions où l’eau est rare. Les femmes et les filles passent plus de 200 millions d’heures par jour à chercher la ressource, 2,1 milliards de personnes sont contraintes de consommer de l’eau polluée. Selon toujours ce rapport, 80% des eaux usées sont rejetées dans la nature sans traitement, mettant en péril la santé et la vie de 4,5 milliards d’individus. Ainsi, 90% des 1000 catastrophes naturelles les plus dévastatrices depuis 1990 sont liées à l’eau.
« Tout laisse croire que si rien n’est fait, la situation ira de mal en pis, en raison notamment de la forte pression démographique, de l’urbanisation rapide et d’activités industrielles polluantes. Ce 9ème Forum mondial de l’eau nous donne l’occasion de sonner l’alerte sur la gravité de la situation, afin que les questions liées à l’eau restent au cœur de l’agenda international », a souligné le Président Macky Sall. D’après lui, il y va de la vie et de la santé de milliards d’individus à travers le monde et de la préservation de la paix et de la sécurité internationales.
Communauté de bassins
Le Sénégal, de par son histoire avec la coopération en matière de gestion de l’eau, peut ainsi se prévaloir d’une certaine expérience. C’est le sens, selon le Chef de l’Etat, de notre appartenance à deux organismes de bassin, les Organisations de mise en valeur des fleuves Sénégal (Omvs) et Gambie (Omvg), créées respectivement en 1972 et 1978, et dont les pays membres coopèrent de façon concertée, à travers des activités et infrastructures communes de développement. Ces deux organisations sont, tout le temps, citées en exemple dans ce qui est convenu d’appeler aujourd’hui « l’hydro-diplomatie ». « C’est aussi le sens de notre adhésion à la Convention de 1992 sur la protection et l’utilisation des cours d’eau transfrontaliers et des lacs internationaux. C’est, enfin, le sens de l’initiative sénégalaise d’inscrire dans l’agenda du Conseil de sécurité des Nations Unies, pour la première fois en avril 2016, la thématique Eau, Paix, Sécurité lors de son mandat au Conseil », a justifié le Président Sall.
Macky Sall invite à intégrer l’Union africaine au G20
Les problématiques liées à l’eau doivent être au cœur des préoccupations de certaines organisations mondiales comme le G20. C’est l’invite du Président Macky Sall à l’endroit de cette organisation qui regroupe les principales économies mondiales. « Compte tenu des enjeux globaux qui s’attachent à ces problématiques et à bien d’autres préoccupations mondiales, il me semble d’ailleurs nécessaire que le G20 élargisse sa composition », a plaidé le Président Sall. Selon lui, l’Union africaine pourrait ainsi en devenir membre. « N’oublions pas, en effet, que l’Afrique compte plus d’un quart des pays membres des Nations Unies, 30 millions de Km2, 1,4 milliard d’habitants, et forme, ensemble, la huitième économie mondiale », a-t-il expliqué. Pour lui, il n’y a rien de mieux qu’une approche inclusive pour traiter de problèmes globaux ; comme le thème de ce 9e Forum mondial de l’eau le rappelle : « Sécurité de l’eau pour la paix et le développement ». « L’occasion nous est ainsi donnée de poursuivre la ‘’prophylaxie’’ des tensions autour de l’eau par le dialogue et la concertation, au sein et entre les pays. C’est un impératif vital qui nous engage tous : Gouvernements, Institutions internationales, organismes de bassins, élus locaux, parlementaires, secteur privé, société civile, et citoyens », a-t-il indiqué.
DISPONIBILTE DE L’EAU POTABLE ET ASSAINISSEMENT
Les efforts du Sénégal pour atteindre l’Odd 6
Réalisation de près de 2.100 forages et plus de 670 châteaux d’eau, mise en service d’une 3ème usine de traitement d’eau potable, entre autres. Ce sont là quelques éléments cités par le Président Macky Sall, lors de l’ouverture du 9ème Forum mondial de l’eau pour montrer la volonté du Sénégal d’atteindre l’Objectif de développement durable n° 6 relatif à l’accès universel à l’eau potable et à l’assainissement. C’est dans cet objectif, qu’entrent, selon le Président Macky Sall, la construction en cours d’une première unité de dessalement de l’eau de mer, la densification des réseaux de transport et de distribution d’eau et l’intensification des travaux d’assainissement. « Mais au-delà de la réalisation d’infrastructures publiques, l’atteinte de l’Odd 6 requiert un engagement individuel et collectif plus soutenu contre le gaspillage industriel et domestique de l’eau, et pour une agriculture irriguée plus respectueuse de l’environnement. Il convient de promouvoir davantage l’échange d’expériences et l’innovation scientifique et technologique pouvant aider à une utilisation optimale de l’eau », a argumenté le Président Sall.
DENIS SASSOU NGUESSO, PRESIDENT DU CONGO : « Le bassin du Congo abrite d’immenses réserves hydrographiques à protéger pour l’humanité »
Le président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso, qui assure aussi la présidence de la Commission Climat du bassin Congo regroupant 16 pays, a fait une plaidoirie pour la préservation des ressources hydriques de ce fleuve vital pour des millions de personnes.
Le Congo est l’un des fleuves les importants de l’Afrique. Participant à la cérémonie d’ouverture du 9ème Forum mondial de l’eau, le Président du Congo Dénis Sassou Nguesso, a insisté sur le caractère vital de ce fleuve essentiel pour plusieurs pays. Le Président congolais qui préside aussi la Commission Climat du bassin du Congo regroupant 16 pays d’Afrique centrale et de l’Est en plus du royaume du Maroc, a plaidé pour plus de moyens pour la préservation des ressources hydriques du bassin du Congo. Sassou Nguesso a estimé que le fonds bleu pour ce bassin lancé en 2016 mérite le soutien et l’appui de la communauté internationale car l’économie bleue est au centre des préoccupations de ladite Commission.
Proposant d’exploiter le potentiel de ce grand cours d’eau, le Président congolais a rappelé que la pénurie mondiale d’eau est réelle car pour plus de 2, 5 milliards de personnes, l’accès à l’eau potable est un combat quotidien et « les experts prévoient que 65 % de la population africaine sera affecté par le stress hydrique » dans 30 ans. « Le bassin du Congo abrite d’immenses réserves hydrographiques qu’il convient de protéger au profit de l’humanité. La République du Congo dispose d’importantes ressources hydrauliques estimées à 1580 milliards de mètres cube d’eau d’écoulement annuel soit une disponibilité de 295 000 m3 par habitant et par an », révèle le président Congolais rappelant les importantes réalisations dans son pays pour l’accès à l’eau, à l’assainissement et à l’hydroélectricité. Au Congo, le taux moyen d’accès à l’eau potable est passé de moins de 25% à 54%. Ce pays d’Afrique centrale possède aussi un potentiel hydroélectrique de 27 000 mégawatts pouvant couvrir les besoins en électricité au-delà de ses frontières, a ajouté Sassou Nguesso.
En dépit de ces progrès, il admet que des défis restent encore à relever principalement pour la gestion des eaux usées et pluviales. Ainsi, dans le but de préserver le fleuve Congo de la pollution, un projet pilote d’assainissement consistant à construire des stations d’épuration dans les deux capitales des deux Congo (Kinshasa et Brazzaville) est en cours de réalisations. Le bassin du Congo offre d’autres opportunités pour le développement de l’agriculture. Le président Denis Sassou Nguesso a également affirmé, à l’aide des statistiques mondiales, que pour les 30 prochaines années, 80 % des besoins alimentaires des populations proviendront de l’irrigation qui est devenue essentielle.
En outre, la bonne gestion de l’eau est devenue primordiale, à en croire le président de la Commission Climat du bassin du Congo, pour éviter l’élargissement des zones de tension sur notre continent parce que « le lien entre les pénuries d’eau dues aux changements climatiques et l’insécurité voire le développement du terrorisme a été plusieurs fois souligné ». Le président Sassou Nguesso est convaincu que « nous gagnerons la bataille de l’eau grâce à un engagement et une solidarité de tous ». Il espère ainsi que ce Forum sera le début d’un engagement politique et financier mondial pour le bien-être de nos peuples d’Afrique et du monde.
SAHLE-WORK ZEWDE, PRESIDENTE DE LA FEDERATION D’ETHIOPIE : « Garantir l’accès à l’eau potable en faisant face aux changements climatiques »
La disponibilité de l’eau est de plus en plus liée aux changements climatiques. Prendre en charge cette donne est devenue indispensable pour espérer avoir ce liquide précieux de manière durable. La présidente de la Fédération d’Ethiopie, Sahle-Work Zewde, a axé son intervention sur cette problématique. Indiquant que « ce Forum offre une plateforme unique de discussion » pour les experts, les décideurs et la communauté en général, la présidente de l’Ethiopie a lancé que « l’Afrique est mise au défi des changements climatiques qui affectent fortement son environnement, entrainant des inondations et des sècheresses ». Pour elle, « les efforts pour garantir l’accès à l’eau potable doivent viser à faire face aux conséquences des changements climatiques ».
Sahle-Work Zewde renchérit que le thème, « la sécurité de l’eau pour la paix et le développement » est d’une grande pertinence pour l’atteinte de l’Odd 6 lié à l’accès à l’eau et à l’assainissement. La présidente de l’Ethiopie reconnait, cependant, que « les défis sont immenses » citant l’exemple de son pays où 50 millions de personnes n’ont pas accès à une eau salubre. Elle a confié que le Gouvernement Ethiopien s’est toutefois fixé pour l’objectif de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement.
Explications sur le barrage de la Renaissance
Dans cette logique, se prononçant sur le barrage de la Renaissance dont la mise en service a été effectuée le mois dernier par l’Ethiopie, entrainant la protestation des pays situés en aval du Nil qui craignent la baisse du niveau du fleuve chez eux, elle a tenu à rassurer ses voisons. A ses yeux, l’objectif dudit barrage est d’améliorer l’accès à l’électricité et à l’eau en l’Ethiopie mais aussi au niveau des autres pays riverains du Nil. Elle poursuit que son pays a toujours été disposé à échanger de manière solidaire sur l’exploitation des ressources du Nil avec ce barrage. La présidente de la Fédération d’Ethiopie a dit aussi que ce projet a un volet reboisement pour lutter contre la désertification sans oublier le développement de l’agriculture. L’Ethiopie compte partager les ressources de ce barrage avec tous ses voisins situés en aval du Nil, réitère-t-elle.
La Directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay, est allée dans le même sens. Revenant largement sur les enjeux de l’accès à l’eau dans le monde elle a salué le travail du Sénégal avec le Conseil mondial de l’eau pour la tenue de ce Forum. Même avis chez Ursala Von Der Leyen, présidente de la Commission européenne. Cette dernière a salué la belle histoire marquée par une réussite de l’Organisation pour la mise en Valeur du fleuve Sénégal (Omvs).
GESTION RATIONNELLE ET PRECIEUSE DES RESSOURCES HYDRIQUES : Les Présidents Embalo et El-Ghazouani préconisent des changements de comportements
Les Chefs d’État de la Guinée-Bissau et de la Mauritanie proposent de nouveaux mécanismes et des changements de comportements pour mieux gérer les ressources hydriques. Ils ont fait ce plaidoyer, hier, à l’ouverture du 9ème Forum mondial de l’eau à Diamniadio.
Comment mieux gérer la ressource hydrique partout à travers le monde ? Les présidents Mohamed Ould El Ghazouani de la Mauritanie et Umaro Sissoco Embalo de la Guinée-Bissau ont un avis convergent sur la question. Les deux chefs d’État qui ont participé, hier, au stade Dakar Arena de Diamniadio, à la cérémonie de lancement du 9ème Forum mondial de l’eau, estiment que ce liquide est précieux pour l’ensemble des Etats de l’Afrique et du monde. Ils plaident en chœur pour un changement de comportements afin de préserver cette ressource.
Même si ces ressources sont disponibles en quantité, le Président mauritanien indique qu’elles ne sont pas réparties de manière équitable. Même à l’intérieur d’un même pays, certaines populations n’ont pas accès à ce liquide précieux. « La rareté de la ressource se fait ressentir fortement dans de nombreux endroits du monde sous les effets conjugués des changements climatiques et de la forte augmentation des besoins et de la croissance de la population ainsi que la mauvaise gestion à l’échelle planétaire des ressources hydriques », souligne Mohamed Ould El Ghazouani. Pour son homologue bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo, l’eau utilisée de manière rationnelle et équitable peut être « un trait d’union et un facteur de coexistence pacifique entre les populations, les communautés et les pays ». Au cas contraire, elle peut être source de conflits et même de guerre entre les nations. « Il est donc important de réfléchir ensemble sur les mécanismes à mettre en place afin de mieux gérer cette ressource vitale pour l’humanité », recommande M. Embalo. Même s’il y a une eau en quantité, la ressource n’est pas illimitée. C’est pourquoi le Président bissau-guinéen recommande l’utilisation du liquide de manière « précieuse, rationnelle et scientifique », car les besoins sont devenus plus pressants avec la croissance démographique.
Pour une meilleure gestion de la ressource, Mohamed Ould El Ghazouani recommande « un changement profond dans notre perception de la valeur de l’eau, de nos modes de production et de nos techniques d’irrigation ». « Le Forum mondial de l’eau constitue un cadre idéal pour échanger et agrandir la réflexion à propos de toutes ces questions en vue d’identifier et de promouvoir des accès concrètes et des solutions innovantes », déclare Mohamed Ould El Ghazouani. Avec les changements climatiques qui ont engendré une baisse des précipitations, le Président de la Guinée-Bissau propose l’invention de nouvelles méthodes d’agriculture et l’utilisation de technologies modernes pour produire des aliments en qualité et en quantité suffisante pour les populations. « Il faut assurer aux populations l’accès à une eau potable de qualité afin de mieux combattre les maladies liées au manque de condition d’hygiène », ajoute M. Embalo.
SÉCHERESSE, DÉSERTIFICATION, IREEGULARITE DES PRÉCIPITATIONS : La nouvelle stratégie de la Mauritanie pour faire face
Le Président de la République islamique de Mauritanie, Mohamed Ould El Ghazouani, dans son discours, hier, lors de la cérémonie d’ouverture du 9ème Forum mondial de l’eau, a déclaré que son pays est touché depuis plusieurs décennies par une sécheresse, une désertification et une faiblesse des pluies. L’accès à l’eau et à l’assainissement ainsi qu’à la mobilisation des ressources hydriques nécessaires à l’agriculture et à l’élevage est devenu un véritable défi pour l’Etat mauritanien. Cependant, pour faire face à cette situation, le Président Mohamed Ould El Ghazouani a informé que son pays a élaboré une nouvelle stratégie du secteur de l’hydraulique en rapport avec les Objectifs de développement durable (Odd) à l’horizon 2030. Selon lui, cette stratégie vise à mieux garantir de façon satisfaisante l’accès à l’eau potable pour la population mauritanienne et particulièrement celle qui est plus vulnérable. « Elle cible, à cet effet, l’amélioration de la connaissance des ressources hydriques exploitables, à la rationalisation de leur utilisation, à la mobilisation des financements requis pour la mise en place d’infrastructures nécessaires », a expliqué le Chef de l’État mauritanien.
GAMBIE : 77% de la population a accès à l’eau potable
En l’absence du Président de la République de Gambie, Adama Barrow, c’est la Vice-présidente Isatou Touray qui a assisté, hier, à la cérémonie d’ouverture du 9ème Forum mondial de l’eau à Diamniadio. Dans son discours au Dakar Arena, la vice-présidente de la Gambie a rappelé les énormes efforts faits par son pays pour assurer à la population un accès à l’eau et à l’assainissement. Pour une fourniture correcte en eau, elle indique que plusieurs lois ont été adoptées et des stratégies prises. En 2019, a-t-elle informé, un plan visant à fournir de l’eau potable et des services d’assainissement à 400 000 Gambiens a été lancé. Un autre programme lancé récemment a permis de fournir de l’eau à 50 0000 personnes dans le monde rural. Tous ces programmes ont donné les résultats escomptés. D’après la Vice-présidente de la Gambie, « en 2019, l’accès à l’eau potable est de 7% en Gambie avec 76 et 78 % dans les zones rurales et urbaines respectivement ». Ainsi, 43,3% de la population gambienne a accès à des services d’approvisionnement sûrs.
Concernant l’assainissement, Isatou Touray précise que son accès est encore moindre du fait d’un manque de financement. C’est pourquoi la défécation à l’air libre est encore une réalité dans beaucoup de zones rurales en Gambie. « Nous avons mis en place plusieurs stratégies politiques pour permettre la fourniture d’eau, d’assainissement. Une feuille de route de gestion intégrée des ressources en eau a été élaboré en 2009 et un programme de réformes a été mis en place depuis 2011 jusqu’en 2015 avec le financement de la Banque africaine de développement. Le programme propose des réformes législatives avec une loi sur la gestion des ressources en eau, une loi portant création de l’autorité de l’eau en Gambie », informe Mme Touray.
L’empereur du Japon pour un soutien à l’Afrique
Le Japon a contribué à l’organisation du 9ème Forum Mondial de l’Eau à travers un financement de 560 millions de Fcfa. Son Empereur Sa Majesté Naruhito, a pris part à cet événement en adressant un message vidéo préenregistré à l’assistance. Il s’est dit conscient que l’eau joue un rôle essentiel sur le continent africain où le développement socio-
économique est rapide. Pour lui, le continent africain mérite ainsi d’être accompagné dans cette transition. « Le taux annuel de croissance économique en Afrique est supérieur à 3 %, et celui de la population urbaine est d’environ 3,6 %, soit deux fois plus que la moyenne
mondiale. La production d’hydroélectricité sur le continent devrait presque tripler d’ici 2040. La demande en eau dans les principaux secteurs liés à l’eau, tels que l’alimentation, l’eau potable, l’assainissement et le pouvoir électrique, augmentera rapidement. L’Afrique fera l’objet d’une
attention accrue à l’avenir, car sa socio-économie ainsi que sa demande en eau croissent rapidement », a affirmé Sa Majesté Naruhito. Il espère que lors des prochaines rencontres des structures de l’Onu sur cette problématique, la question de l’accès à l’eau sera approfondie.
LOÏC FAUCHON, PRÉSIDENT DU CONSEIL MONDIAL DE L’EAU : « Il faut annuler la dette de l’eau »
Présent à Dakar pour l’ouverture officielle du 9ème Forum mondial de l’eau, le Président du Conseil mondial de l’eau, Loïc Fauchon, a appelé à une annulation de la dette liée à l’eau.
Le Président du Conseil mondial de l’eau, Loïc Fauchon, a appelé à une annulation de la dette liée à l’eau. Il a lancé ce message lors de l’ouverture du 9ème Forum mondial de l’eau hier lundi à Diamniadio. « Sur la dette, nous rejoignons le Président Macky Sall depuis longtemps. Nous continuons à demander l’annulation de la dette de l’eau pour les États et les collectivités les plus pauvres. Mais avec une exigence de réinvestissement immédiat à même montant dans la construction de programmes et projets de cure de l’eau et de l’assainissement et autant que dans la maintenance et la formation des femmes et des hommes », a-t-il dit. Selon lui, c’est ce que demande le Conseil mondial de l’eau à tous à ceux qui partagent ce désir de justice. « Nous ne voulons plus entendre cette triste rengaine que l’eau n’a pas assez d’argent et l’argent n’a pas assez d’eau », a précisé Loïc Fauchon. Il a aussi appelé à plus d’innovation et à un bouleversement des habitudes pour faire face aux besoins en eau avec sa raréfaction. « Il faut certes innover, encore innover, toujours pomper, transférer, dessaler, recycler, accroître les masses d’eau disponibles. Mais il nous faut aussi bouleverser nos usages, changer nos habitudes et comportements. C’est à cette condition seulement que nous pourrons partager l’eau pour l’homme et l’eau pour la nature », a affirmé Loïc Fauchon qui est à la tête du Conseil mondial de l’eau depuis 2005.
Crée en 1996, cette structure veut proposer des réponses aux préoccupations croissantes de la communauté internationale face aux problématiques de l’eau. Ses missions sont de sensibiliser, de favoriser une réelle mobilisation politique et d’inciter à l’action sur les questions essentielles liées à l’eau à tous les niveaux. C’est dans ce sens qu’il organise tous les trois ans le Forum mondial de l’eau. « Tout comme la nature, l’eau est en danger. C’est une situation à la fois paradoxale et inacceptable parce que dans notre planète, il y a tant d’eau parfois trop et dont nous subissons les colères. Et puis d’autres endroits, il y en a trop peu et là c’est la colère des hommes qui monte et qui déborde », a estimé Loïc Fauchon. Il a ainsi pris l’exemple du continent africain dont l’un des challenges, selon lui, est ce manque d’eau. « L’Afrique est pourvue d’eau mais trop d’Africains en sont dépourvus », a-t-il nuancé.
CACHET POPULAIRE ET CULTUREL : Spectacle sons et lumières au Dakar Arena
La cérémonie d’ouverture du 9eme Forum de Dakar au Dakar Arena de Diamniadio a revêtu un cachet populaire. L’enceinte sportive a reçu un public venu très nombreux assister à cet rendez-vous mondial de la communauté des acteurs de l’eau. En dehors de la présence institutionnelle avec les Chefs d’Etats ouest africains comme ceux de la Mauritanie Mohamed Ould El-Ghazaouani et de la Guinée Bissau Umaru Sissoko Emballo, il y avait aussi la présence du Président du Congo Denis Sassou Nguesso, de la présidente de la Fédération d’Ethiopie, Sahle-Work Zewde et de la vice-présidente de la Gambie Issatou Touray. Si l’aspect institutionnel a occupé une bonne partie de la première journée de ce 9eme Forum Mondial de l’Eau, un spectacle en sons et lumières a été offert au public. Le ballet du Théâtre national Daniel Sorano ainsi que l’artiste Youssou Ndour et son compère Ba Mody surnommé le « bluesman peul », à travers un clip projeté, ont déclamé ce qui est considéré comme l’hymne de ce 9eme Forum Mondial de l’Eau avec la chanson « Ndox » (L’eau).